Le CBD légal produit dans un État de l’UE est légal dans les États de l’UE

Le CBD légal produit dans un État de l’UE est légal dans les États de l’UE

Jeudi 3 décembre 2020

Les règles relatives à la libre circulation des marchandises au sein de l’Union européenne (articles 34 et 36 du traité sur le fonctionnement de l’Union européenne, TFUE) «doivent être interprétées comme s’opposant à une législation nationale qui interdit la commercialisation de CBD produit légalement dans un autre État membre lorsqu’elle est extraite de la plante Cannabis sativa dans son intégralité et pas uniquement de sa fibre et de ses graines », a jugé la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) dans son arrêt du 19 novembre 2020 (affaire C-663/18). Les États membres individuels peuvent toujours mettre en œuvre une législation restrictive si cette législation est appropriée pour assurer la réalisation de l’objectif de protection de la santé publique et n’excède pas ce qui est nécessaire à cette fin.

La CJUE a rendu son jugement dans une affaire qui a été renvoyée pour question préjudicielle par un tribunal français. La juridiction française de renvoi devait statuer sur un recours sur la question de savoir si le CBD qui était (légalement) produit en République tchèque et expédié en France pour être emballé et vendu dans des cartouches pour cigarettes électroniques pouvait être commercialisé en France. Dans un premier temps, les dirigeants de la société qui a importé le CBD, extrait de l’usine entière, en France et l’a commercialisé ont été condamnés à des peines d’emprisonnement avec sursis de 18 mois et 15 mois, assorties d’une amende de 10000,00 EUR chacun. . Conformément à la loi française, seules les fibres et graines de chanvre peuvent être mises à un usage commercial. La cour d’appel française a cependant mis en doute la conformité de cette interdiction française avec le droit de l’UE et a posé cette question à la CJUE.

Selon la CJUE, le CBD en la matière n’est pas qualifié de «stupéfiant». Contrairement au tétrahydrocannabinol (communément appelé THC), un autre cannabinoïde de chanvre, le CBD dans ce cas ne semble pas avoir d’effet psychotrope ou nocif sur la santé humaine. En conséquence, les dispositions du TFUE relatives à la libre circulation des marchandises interdisent l’interdiction française des produits fabriqués légalement en République tchèque. En vertu de l’article 34 TFUE, les restrictions quantitatives à l’importation (et toutes les mesures d’effet équivalent) sont interdites entre les États membres. En vertu de l’article 36 TFUE, l’article 34 TFUE ne s’oppose pas à des restrictions justifiées par des motifs, entre autres, de santé publique.

Un tel risque pour la santé publique doit cependant, pour le dire brièvement, être suffisamment établi et ne pas reposer uniquement sur des considérations hypothétiques, selon la CJUE. Il appartient en dernier lieu à la juridiction française de renvoi de se prononcer sur cette question. La cour d’appel française doit donc réévaluer la condamnation pénale vis-à-vis des dirigeants et réexaminer l’interdiction des produits fabriqués à partir de l’ensemble du plant de chanvre en France, dans le respect de l’arrêt de la CJUE.

Cet arrêt est un signal clair que la législation de l’UE offre une protection solide pour la libre circulation de la CDB au sein de l’UE. Les producteurs et importateurs de CBD dans l’UE devraient cependant rester prudents en ce qui concerne les restrictions (supplémentaires) dans les différents États membres.

© 2020 Greenberg Traurig, LLP. Tous les droits sont réservés. National Law Review, volume X, numéro 338