COP15, la plus grande conférence sur la biodiversité depuis une décennie

COP15, la plus grande conférence sur la biodiversité depuis une décennie

Sommaire

Quel est le résultat attendu de la COP15 ?

Pour inverser la perte de biodiversité, les négociations de la COP15 se concentreront sur la finalisation du Cadre mondial de la biodiversité post-2020. Il s’agit d’une stratégie, avec des objectifs et des cibles que les pays doivent atteindre, individuellement et collectivement, au cours de la prochaine décennie et au-delà. L’objectif est de mettre l’humanité sur la bonne voie pour atteindre la vision globale de la CDB de « vivre en harmonie avec la nature » d’ici 2050.

N’avons-nous pas été ici avant?

Malheureusement, oui. En 2002, les parties à la CDB se sont engagées « à parvenir d’ici 2010 à une réduction significative du taux actuel de perte de biodiversité ». Ils ont raté. En 2010, ils se sont rencontrés au Japon et se sont mis d’accord sur un nouveau plan, qui comprenait les 20 objectifs d’Aichi. Mais aucun de ces objectifs n’a été pleinement atteint à l’échéance de 2020. Lors de la conférence des Nations Unies sur la biodiversité en 2018, toutes les parties ont convenu de développer de nouveaux objectifs dans le cadre d’un cadre mondial pour la biodiversité post-2020 pour remplacer les objectifs d’Aichi.

Qu’est-ce qui est différent cette fois ?

Les objectifs du Cadre mondial pour la biodiversité post-2020 seront plus « axés sur les résultats » qu’auparavant, avec des objectifs clairement articulés et limités dans le temps, étayés par des actions ciblées pour lutter contre les moteurs de la perte de biodiversité.

Les partis et les actionnaires accorderont également plus d’attention à la mise en œuvre et à la collecte de fonds. David Cooper, secrétaire exécutif adjoint de la CDB, a déclaré qu’une partie essentielle des pourparlers portera sur le renforcement du mécanisme de suivi et d’évaluation des progrès des pays dans le respect de leurs engagements. Pour soutenir la mise en œuvre, ils redoubleront également d’efforts pour collecter des fonds et des ressources auprès de toutes les sources.

«Ce que nous voyons cette fois par rapport à 2010 est une attention encore plus sérieuse sur la nécessité de mobiliser des ressources pour soutenir la mise en œuvre», dit Cooper.

Comment le plan se dessine-t-il?

Un groupe de travail de la CDB coprésidé par des représentants du Canada et de l’Ouganda élabore le texte du cadre mondial de la biodiversité post-2020 pour que les parties à la CDB le finalisent et l’approuvent à la COP15. La dernière version a quatre objectifs à long terme pour 2050 et 22 cibles à atteindre d’ici 2030.

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Les quatre objectifs portent respectivement sur la conservation, l’utilisation durable de la biodiversité, le partage équitable des avantages et des moyens de mise en œuvre adéquats, c’est-à-dire l’argent, ainsi que les capacités techniques. Les objectifs couvrent un large éventail de sujets, allant de l’expansion des zones protégées et de la réduction de la pollution à la garantie d’une production alimentaire durable et à la suppression progressive de milliards de dollars de subventions publiques qui nuisent à la nature.

Mais avec déjà deux ans de retard, le Global Biodiversity Framework est encore loin d’être achevé. Jusqu’à présent, les négociateurs n’ont finalisé que deux des 22 projets d’objectifs. Des crochets entourent une grande partie du texte, ce qui signifie que les parties ne sont pas d’accord sur le libellé ou même sur l’inclusion du sujet.

La quatrième réunion du groupe de travail à Nairobi en juin 2022 devait être la dernière. Mais il a fait si peu de progrès qu’une réunion supplémentaire aura lieu du 3 au 5 décembre à Montréal, juste avant la COP15.

La CDB a-t-elle besoin d’un objectif au sommet (comme le 1.5C de l’Accord de Paris) ?

Les scientifiques, les organisations non gouvernementales et les parties à la CDB sont divisés sur l’opportunité d’avoir ou non un objectif de haut niveau à atteindre d’ici 2030, tel qu’un état global de la biodiversité ou un taux d’extinction mondial. Certains croient que cela aiderait. D’autres disent que cela détournerait l’attention du travail de mise en œuvre du Cadre mondial de la biodiversité post-2020 et qu’il est impossible de saisir la complexité des écosystèmes et des espèces avec une seule métrique.

Qui dirige les pourparlers et pourquoi est-ce important?

La Chine assure la présidence tournante de la Conférence des Parties à la CDB. Son ministre de l’Ecologie et de l’Environnement, Huang Runqiu, présidera les pourparlers à Montréal. C’est la première fois que la Chine supervise des négociations intergouvernementales majeures sur l’environnement. Cela donne à la Chine l’occasion de montrer ses efforts pour protéger la biodiversité à la fois chez elle, grâce à sa vision de la « civilisation écologique » et l’utilisation de la « ligne rouge écologique », et à l’étranger, grâce à l’écologisation de son initiative « la Ceinture et la Route ». Mais la COP15 présente également un défi important pour la Chine. Il devra travailler dur et de manière créative pour rassembler d’autres nations et parvenir à un consensus sur un accord ambitieux.