BGH : les condamnations de Berlin pour trafic de fleurs de CBD sont juridiquement contraignantes

BGH : les condamnations de Berlin pour trafic de fleurs de CBD sont juridiquement contraignantes

Co-auteur : Cao, My Anh

Une décision récente du BGH en date du 23 juin 2022 (Réf. : 5 StR 490/21) concerne les fleurs de CBD avec comme principe actif le cannabidiol, qui a une teneur en THC de seulement 0,2 %. En principe, les produits CBD contenant moins de 0,2 % de l’ingrédient actif THC relèvent de la disposition d’exemption de la loi sur les stupéfiants.

Le BGH a condamné deux accusés à des peines de prison pour trafic de fleurs de CBD et a rejeté les appels des accusés. En effet, l’abus à des fins d’intoxication est possible, c’est pourquoi la disposition d’exception ne s’applique pas.

Avec l’aide d’un prévenu et d’un tiers, le prévenu principal a acquis un total de 120 kg de fleurs de plantes de cannabis à forte teneur en ingrédient actif cannabidiol (CBD). Il a revendu les fleurs CBD à profit à des grossistes, qui à leur tour les ont vendues à des points de vente nocturnes et à des magasins CBD.

Selon le BGH, le règlement d’exemption pour le cannabis ne s’applique pas. Il est vrai que la valeur limite du règlement d’exemption n’est pas dépassée, puisque les fleurs ont une teneur en THC de 0,2 %. Cependant, l’utilisation abusive des fleurs de CBD à des fins d’intoxication ne pouvait être exclue. En particulier, la revente de parties de la plante de cannabis sous une forme non modifiée, qui contiennent du THC et dont la teneur en THC peut encore être augmentée, représente un potentiel d’abus, car elle contient une quantité non totalement négligeable de la substance psychoactive. En effet, certaines formes de préparation, comme le chauffage lors de la cuisson, libèrent du THC supplémentaire et produisent une intoxication au cannabis lors de la consommation, dont le principal prévenu était conscient.

Selon le BGH, il n’y a pas eu violation de la libre circulation des marchandises en vertu du droit européen. La matière ne relève pas du champ d’application de l’article 34 TFUE, les fleurs étant des stupéfiants. Le fait que les fleurs de CBD aient été légalement produites en Espagne ne conduit pas à un résultat différent. La nocivité des substances narcotiques étant généralement connue, la commercialisation est interdite dans tous les États membres pour la protection de la santé publique, sauf si elle sert à des fins médicales ou scientifiques.

Le BGH n’a pas jugé nécessaire d’obtenir une décision préjudicielle de la CJUE sur la compatibilité avec le droit européen en vertu de l’article 267 TFUE, étant donné que les normes juridiques pertinentes pour apprécier les normes au regard du droit européen étaient claires et avaient été précisées par la jurisprudence de la CJE.

La décision du BGH montre que la distribution de composants du cannabis est associée à un risque important de responsabilité pénale même si ces composants du cannabis ont une teneur en THC de seulement 0,2 % et n’ont donc pas d’effet hallucinogène en soi. Cependant, le BGH a tenu compte du fait qu’il est possible d’augmenter la teneur en THC de telle sorte qu’en fin de compte, un effet hallucinogène en résulte. Tant que les efforts de légalisation du cannabis du gouvernement fédéral ne seront pas encore mis en œuvre, cette jurisprudence restrictive devra être suivie.